Rencontre avec John Marcaillou apprenti en BP Responsable d'entreprise Agricole au centre de formation de l’ADFPA 05
Dans les paysages des Hautes-Alpes, au cœur de la ville de Gap, réside un jeune homme déterminé à perpétuer l'héritage familial dans le domaine équin. Rencontre avec John Marcaillou, 27 ans, étudiant en BP Responsable d'entreprise Agricole au centre de formation de l’ADFPA 05. Son parcours atypique et sa vision de l'agriculture contemporaine révèlent une passion inébranlable pour le métier.
GZ : Bonjour, peux-tu te présenter ?
Bonjour, je m’appelle John Marcaillou, j’ai 27 ans. Je vis à Gap dans les Hautes-Alpes. Je suis actuellement en BP Responsable d’entreprise Agricole au centre de formation de l’ADFPA 05 dans le but de reprendre une exploitation agricole familiale dans le domaine de l’équin.
GZ : Peux-tu nous parler de ton parcours scolaire ?
J’ai commencé mes études par un bac pro Technicien en installation des systèmes énergétiques et climatiques, j’ai poursuivi par une mention complémentaire en énergie renouvelable que j’ai réalisé en apprentissage au sein d’une entreprise de plomberie-chauffage-électricité. J’ai travaillé ensuite 8 ans dans cette même entreprise où j’ai exercé le métier de frigoriste. A la suite de ça, mon père arrivant à l’âge de la retraite, il m’a demandé si je souhaitais reprendre l’entreprise familiale. Ma réponse à été favorable pour reprendre l’exploitation. C’est pour cette raison que j’ai arrêté mon contrat de travail et que je me suis engagé dans cette formation.
GZ : Peux-tu nous en dire plus sur cette exploitation ?
Nous avons des chevaux que nous louons essentiellement pour les centres équestres, clubs hippiques, … Cette activité n’est pas trop développée sur le territoire. Nous vendons aussi des chevaux le plus souvent à des particuliers et depuis peu nous faisons de la pension. Nous avons un troupeau d’élevage d’une cinquantaine de chevaux et environ 200 chevaux en location. Concernant les races, nous sommes diversifiés afin de répondre au mieux à la demande en termes de taille, de robe car chacun à ces goûts.
GZ : Pourquoi as-tu choisi de poursuivre tes études en apprentissage ?
Mon besoin était d’être présent sur l’exploitation pour pouvoir aider mon père car il en avait besoin et il vieillit. C’était très important pour moi d’être présent et opérationnel de suite. L’apprentissage me permet de faire tourner l’exploitation et de faire ma formation en même temps.
GZ : Après deux années passées en apprentissage, peux-tu nous dire ce que cela t’a apporté ?
J’ai beaucoup appris au niveau administratif. De nos jours, le monde agricole tourne beaucoup autour de ça, ce que je déplore mais nous n’avons pas le choix. Et ce type de formation est indispensable au métier d’agriculteur. L’administratif représente 50% de notre métier. Cette formation m’a appris à connaitre la manière de faire les dossiers, les demandes nécessaires auprès des bons organismes.
GZ : Quelles sont les grandes thématiques du diplôme que tu prépares ?
La production, pour gérer au mieux son élevage, la commercialisation pour vendre ses produits au meilleur prix, beaucoup de comptabilité, un peu d’agronomie pour les cultures.
GZ : Quelles sont les principales tâches que tu réalises en entreprise ?
En dehors de l’administratif, l’emploi du temps est bien chargé avec la culture des terres de fourrage pour être en autoconsommation et des céréales afin d’avoir une rotation de culture pour le bien-être du sol, la réalisation des parcs et des clôtures, du palfrenage qui consiste à faire le fumier, nourrir les chevaux…
GZ : Ta formation de Technicien en installation des systèmes énergétiques et climatiques te sert aujourd’hui sur l’exploitation ?
Oui tout à fait, nous avons des bâtiments photovoltaïques donc cela me permet de voir si quelque chose ne va pas. J’ai fait beaucoup de plomberie ce qui me permet d’être autonome dans l’entretien ou la modification des éléments d’eau. C’est un bien très important sur une exploitation, il faut savoir amener de l’eau dans les endroits où il n’y en a pas, savoir la gérer. Surtout avec les périodes de sècheresse assez répétitive que nous vivons.
GZ : Des projets de développement d’activités sur l’exploitation dans les années à venir ?
Oui, nous avons déjà développé la pension qui n’était pas présente avant. J’ai fait ce choix car nous risquons d’avoir des périodes où nous allons devoir sortir 2 salaires il est donc nécessaire d’augmenter les rentrées d’argent. Et le jour où mon père partira en retraite il faudra que je prenne un salarié afin de pérenniser l’exploitation et qu’elle soit viable.
GZ : Que peux-tu me dire sur l’équipe pédagogique qui te suit en formation ?
L’ensemble du personnel est disponible, à l’écoute. Il y a une bonne ambiance, plutôt familiale.
GZ : Avez-vous fait des projets d’étude en cours ou des sorties pédagogique ?
Oui, un dossier à présenter devant la chambre d’agriculture qui définit ensuite les subventions que nous aurons pour notre reprise ou installation d’exploitation. C’est un dossier à prendre au sérieux car c’est la vie de notre exploitation sur les 4 prochaines années par rapport à la DJA (Aide à l’installation des jeunes agriculteurs). Ce dossier contient des prévisionnel et il ne faut pas le prendre à la légère car nous aurons des comptes à rendre.
GZ : Que pourrais-tu dire à un jeune qui hésite à venir dans la même formation que toi par apprentissage ?
Il ne faut pas hésiter, c’est quand mieux d’être formé pour se lancer. J’en connais beaucoup qui se sont installé sans passer par la case BP REA, c’est possible mais ils n’ont pas bénéficié des aides de l’Etat et au niveau des compétences, je pense qu’ils vont manquer de choses. Pour moi cette formation est importante.
À travers le récit de John Marcaillou, c'est un témoignage vibrant sur les défis et les opportunités rencontrés par la jeunesse rurale. Son engagement envers la préservation de l'exploitation familiale et son désir de la faire prospérer témoignent d'une nouvelle génération d'agriculteurs conscients des enjeux économiques et environnementaux. Avec détermination et persévérance, John incarne l'avenir prometteur de l'agriculture.
Interview réalisée par G Zeghdaoui.