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Formation BTS Gestion forestière à Digne

Apprentie en BTSa Gestion Forestière à Digne, Elle nous parle de sa formation

Au cœur de l'univers forestier, nous rencontrons aujourd'hui une jeune femme passionnée et déterminée à faire une différence significative dans le monde de la gestion des ressources naturelles.

À seulement 27 ans, elle a déjà exploré divers horizons mais c'est dans la gestion forestière qu'elle a trouvé sa véritable vocation. Au cours de notre entretien, elle partage avec nous son parcours, ses motivations et les enseignements tirés de ses deux années d'apprentissage en BTSa Gestion forestière par apprentissage.

CFA : Bonjour, Peux-tu te présenter ?

Bonjour, j’ai 27 ans et je suis en deuxième année de BTSa Gestion forestière par apprentissage au sein de l’établissement agricole de Carmejane à Digne les bains.

CFA : Peux-tu nous parler de ton parcours scolaire ?

J’ai eu mon bac il y a 10 ans, j’ai effectué deux années de classes préparatoires aux grandes écoles avant d’intégrer une école de commerce. J’ai réalisé une année de stages dans le cinéma et après mon diplôme, j’ai travaillé dans le conseil. J’ai aussi voyagé et fait du bénévolat. En 2022, j’ai décidé de me reconvertir dans la gestion forestière. Comme je voulais entrer rapidement dans le vif du sujet, être dans le concret et la technicité, j’ai décidé de faire cette formation par apprentissage.

CFA : Pourquoi la gestion forestière ?

Déjà, la forêt et la nature en général m’ont toujours intéressée. J’aime être dehors, notamment en forêt. Je me suis progressivement renseignée. J’avais envie d’avoir des connaissances de terrain et j’en avais un peu marre de passer mon temps devant un ordinateur, comme beaucoup de métiers lorsqu’on sort d’école de commerce. J’avais aussi envie de quelque chose qui ait du sens. La forêt et les écosystèmes naturels sont des milieux cruciaux au regard des problématiques actuelles, ils sont à la croisée de nombreux sujets à la fois sociaux, économiques, la liste est très longue. Pour moi, c’était l’occasion de me sentir au cœur de tous ces enjeux, de mieux comprendre leur complexité et d’essayer d’y répondre à ma mince échelle.

CFA : Après deux années passées en apprentissage, peux-tu nous dire ce que cela t’a apporté ?

C’est vrai que l’apprentissage était nouveau pour moi. Cela m’a permis de faire le lien entre les cours théoriques, c’est-à-dire les connaissances que tout le monde doit avoir en sortant de cette formation, et la pratique, c’est-à-dire les compétences que l’on te demande d’avoir dans la « vraie vie » en entreprise. L’apprentissage te permet au bout des deux ans d’être relativement apte aux exigences du marché du travail. Finalement, avoir deux années d’expérience professionnelle est un élément très valorisable dès que l’on veut chercher un emploi. Cela nous donne également de la force de négociation : on connait le travail, le secteur, le marché, on sait de quoi on parle. Je pense que c’est important face à un employeur. Un autre argument en faveur de l’apprentissage est l’autonomie financière. Je regrette presque de ne pas avoir réalisé mes anciennes études en apprentissage. Mais il faut savoir que ce n’est pas évident de trouver une alternance et une école dans la même région. Par exemple, j’ai dû commencer mon apprentissage dans le nord-est pour être ensuite mutée dans le sud-ouest, alors que Carmejane est dans le sud-est. Mais finalement, j’ai adoré pouvoir découvrir plein de régions différentes, surtout en gestion forestière, où les milieux, et donc la flore, sont très différents. Je le vois davantage comme un enrichissement, plutôt qu’un fardeau.

CFA : Tu nous as parlé du lien entre la théorie et la pratique, est ce que, ce que tu apprends en formation, te sert réellement sur le terrain, en entreprise ?

Oui tout à fait, à l’école, nous parcourons l’ensemble des sujets et en entreprise, nous creusons certains sujets en particulier. Cela nous permet d’être assez polyvalents.

CFA : Quelles sont les grandes thématiques du diplôme que tu prépares ?

En BTSa Gestion Forestière, nous apprenons à réaliser des diagnostics forestiers, c’est-à-dire que nous essayons de comprendre n’importe quelle forêt dans laquelle nous nous trouvons : son historique et son état actuel. Nous apprenons également la sylviculture, c’est-à-dire la façon dont on souhaite conduire le peuplement. Il s’agit de réfléchir à la gestion des décennies à venir en prenant en compte tous les enjeux, pas seulement de production de bois, à voir les enjeux écologiques, sociaux, etc. Nous apprenons aussi à organiser des chantiers de A à Z. Les forestiers découvrent également de nouvelles activités, voire de nouveaux métiers, qui sont davantage portés sur la biodiversité, la restauration écologique des milieux, sur la séquestration du carbone etc. Ce sont des sujets cruciaux auxquels il faut s’intéresser. Le métier de forestier, ce n’est plus simplement couper du bois et le vendre. Ça rend la formation plus passionnante encore, même si nous n’avons pas le temps de tout voir.

CFA : Dans quelle entreprise fais-tu ton alternance ?

Je travaille dans une société forestière implantée partout en France. Elle gère des propriétaires forestiers qui nous confient la gestion de leur domaine, qui peuvent faire plusieurs centaines d’hectares. Les techniciens forestiers de l’entreprise travaillent chaque jour sur ces domaines et suivent le plan de gestion établi au préalable. Concrètement, ça veut dire qu’ils font des inventaires des arbres présents, qu’ils mesurent leurs évolutions (la hauteur, le diamètre, la densité, la qualité…), qu’ils marquent les arbres à couper dans le but d'améliorer le peuplement et donc de poursuivre la gestion. Nous faisons aussi des inventaires de biodiversité par exemple, ce qui est relativement nouveau. Nous pouvons aussi travailler sur la certification d'une forêt, qui prouve une certaine qualité car il y a un cahier des charges à respecter. J'ai la chance de pouvoir travailler sur des projets à forts enjeux écologiques en partenariat avec des acteurs locaux (associations, des réserves naturelles...). C'est un monde qui travaille beaucoup en réseau.

CFA : Le domaine forestier est plutôt masculin, comment t’y sens-tu, comment tu le ressens ?

Je dirais effectivement que le monde forestier est surtout peuplé d'hommes. J’ai des collègues féminines quadragénaires qui ont vraiment subi ce sexisme ambiant, notamment des discriminations à l’embauche. On leur a dit par exemple qu’elles n’étaient pas aptes, qu’elles n’avaient pas leur place en forêt ou que c’était un métier d’homme. Elles ont beaucoup lutté. Une d’entre-elles a même dû chercher du travail dans un autre pays, et c’était vers les années 2000… Ce n’est pas spécifique au monde forestier (notre société est patriarcale), mais je trouve aujourd’hui que les mentalités changent, il y a par exemple de plus en plus de filles dans les formations. Bien sûr, j’entends toujours des réflexions sexistes, mais je n'ai pas peur de me défendre, même auprès de personnes qui me sont hiérarchiquement supérieures. J'ai eu également de bonnes surprises de la part de collègues masculins, qui ont pris ma défense et qui étaient presque plus outrés que moi.

CFA : Que souhaites-tu faire après l’obtention de ton diplôme ?

Soit je candidate à des postes en CDI ou CDD, soit je poursuis un cursus d’ingénieur en apprentissage. Mon supérieur m'avait proposé de le faire. C’est l'occasion de pouvoir continuer à apprendre tout en travaillant. Une école d’ingénieur forme des scientifiques, qui auront la capacité d’analyser, de modéliser et de mettre en œuvre des solutions, ce qui n’a rien à voir avec une école de commerce. Le diplôme en France compte beaucoup.

CFA : Que peux-tu me dire sur l’équipe pédagogique qui te suit en formation ?

L'équipe pédagogique est très à l'écoute. En fait, c'est un établissement à taille très humaine. Je sais qu'il y a des BTSa GF dans lesquels les effectifs de classes affleurent les 35 ou 40 étudiants. A Carmejane, nous ne sommes pas nombreux. Nous avons l'impression d'avoir des cours presque individualisés. Nous avons le temps de poser des questions et la plupart des formateurs prennent le temps d’y répondre. Parfois, ils nous aident en dehors du temps de cours. Les intervenants sont d'excellente qualité. J'ai eu l'occasion de discuter avec d'autres BTSA GF et j’ai réalisé que ce n’était pas commun d'avoir, par exemple, deux experts forestiers comme formateurs. Ils nous emmènent régulièrement sur les domaines forestiers de leurs clients, donc nous travaillons toujours sur de vrais cas. Par ailleurs, je tenais à souligner qu’à Carmejane, nous ne sommes pas infantilisés, on nous fait confiance. Je me suis sentie très autonome. L’équipe pédagogique considère que, puisque nous sommes majeurs, nous sommes responsables. Les formateurs ne font pas la police, mais il y a évidemment toujours un respect à avoir envers eux et leur travail.

CFA : Avez-vous fait des projets d’étude en cours ou des sorties pédagogique ?

A la fin du BTSa GF, nous devons répondre à une commande de l'entreprise. Cela peut être par exemple le cas du réaménagement d’une forêt incendiée ou la gestion de forêts dépérissantes.
Lors de sorties pédagogiques, nous avons par exemple diagnostiqué des peuplements forestiers, étudié la faisabilité d’une exploitation en milieu montagnard ou encore présenté les résultats de relevés pris auprès des propriétaires. Il fallait vulgariser des concepts qu'on avait appris.

CFA : Que pourrais-tu dire à un jeune qui hésite à venir dans la même formation que toi par apprentissage ?

Je lui dirais d’abord qu’il ne faut pas idéaliser le métier et le travail au quotidien. Cela n’a rien à voir avec la promenade ou la randonnée du weekend sur des sentiers bien balisés. Il faut vraiment se renseigner auprès de professionnels de la filière. Avant de m’engager, j’avais discuté avec des apprentis en BTSa GF sur leurs ressentis, ce qu'ils apprennent et ce qu'ils font tous les jours. Je pense qu’il faut vraiment être passionné, parce qu’on parle d'arbres et de forêt toute la journée, ça peut être un peu long pour certains. C'est un métier passion, je ne m’en lasse pas. Si toutes ces cases sont cochées, et que le jeune accepte les concessions (parce qu’il y en a toujours), alors qu’il n’hésite absolument pas !

CFA : Un dernier mot pour la fin ?

Ce que je trouve intéressant, c’est qu’on peut amener 14 forestiers au sein d’une forêt et ils auront tous un avis différent. La vérité ne plane pas comme quelque chose d'évident. Il y a souvent beaucoup d'humilité et d'écoute entre eux, même s’ils sont en désaccord et peuvent avoir des visions à l’extrême opposé. Finalement, j'ai bien aimé découvrir ce petit monde de passionnés qui discutent inlassablement de ces sujets.

Cette interview nous offre un aperçu fascinant de la passion et de l'engagement nécessaires pour réussir dans le domaine de la gestion forestière. Son parcours reflète une détermination sans faille à suivre sa passion et à contribuer activement à la préservation et à la gestion durable des ressources forestières. Nous lui souhaitons une continuation brillante dans ses projets futurs, convaincus qu'elle continuera à inspirer et à captiver ceux qui croiseront son chemin. Merci à elle pour cette conversation enrichissante et pleine d'inspiration.

Interview réalisée par G Zeghdaoui.

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